La surpêche est une notion plutôt complexe à expliquer aux enfants. Mais il y a quelques semaines, lors d’un festival dédié au développement durable, j’ai découvert une super manière de leur faire découvrir les enjeux de la pêche intensive au niveau mondial ! Evidemment, moi qui adore que les enfants apprennent en s’amusant, j’ai sauté sur l’occasion ! J’ai légèrement adapté le concept pour que l’on puisse y jouer à la maison comme à l’école, et avec pas grand-chose.
Je vous propose donc aujourd’hui de parler de surpêche, en vous donnant une surpêche définition toute simple et en la mettant en pratique, pour mieux comprendre ! C’est parti !
Sommaire
Surpêche définition : pêche intensive ou surpêche ?
Surpêche définition
La surpêche, aussi appelée pêche intensive, est l’action de pêcher trop d’espèces marines : des poissons, mais aussi des crustacés et des mollusques. Les poissons sont pêchés excessivement. Parfois plus que nécessaire à la demande mondiale et beaucoup trop rapidement pour qu’ils n’aient le temps de se reproduire.
Les conséquences de la surpêche sont donc considérables
- La disparition de nombreuses espèces marines n’ayant pas le temps de se régénérer ;
- Provoquant ainsi le déséquilibre de certains écosystèmes : comme nous l’avons vu avec le jeu des chaînes alimentaires, une espèce qui disparaît menace également de disparition d’autres espèces ;
- Les ressources marines diminuant, ce sont les petites structures de pêche qui perdent petit à petit leur emploi ;
- Et la sécurité alimentaire mondiale qui est menacée ! Aurons-nous encore des produits de la mer à manger dans quelques années ?
Elle est due au fait que les produits de la mer sont consommés à travers le monde entier. Il y a une véritable demande mondiale, et chaque chalutier veut pêcher pour vendre le plus possible. C’est une véritable compétition. Malheureusement, si on compte le nombre de chalutiers présents sur la planète, il y en aurait 2 fois et demi trop, par rapport à ce qui serait supportable pour les espèces marines… Et d’ailleurs, beaucoup de gaspillage alimentaire de produits marins est constaté à l’échelle mondiale.
Plusieurs espèces marines se sont déjà effondrées à cause de la surpêche. C’est le cas du cabillaud et de la morue au Canada. Selon un chiffre de la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), 7 des 10 espèces de poissons les plus importantes sont menacées de dépeuplement.
Certains chalutiers-géants (aussi appelés navires-usines) pêchent 250 tonnes de poissons par jour. Ce qui équivaut à la quantité pêchée par 5 petits navires sur une année entière.
Pour vous donner un ordre d’idée, un orque (qui est un des plus gros mammifères marins) mange 60 à 80 kg de poissons par jour. Les chalutiers-géants pêchent donc autant de poissons en 1 journée que l’équivalent de ce que consommerait 3600 orques…
Un petit jeu pour mieux comprendre la définition de la surpêche
Même si les conséquences de la surpêche ne sont pas encore tout à fait claires pour les enfants, ils ont compris que les enjeux sont importants. Voici donc un petit jeu à mettre en place à la maison ou en classe afin qu’ils expérimentent eux-mêmes cette notion et définition de la surpêche !
Le matériel nécessaire pour mettre en place le jeu de la surpêche
Pour la mise en place de ce jeu, vous avez besoin de :
- 4 ou 5 feuilles de papier brouillon (en fonction du nombre d’équipes : idéalement 4 ou 5),
- 5 ou 6 ardoises (ou feuilles de brouillon) : 1 pour chaque équipe et 1 pour le maître du jeu,
- Des feutres pour ardoises,
- Des feutres de couleurs différentes,
- Une cinquantaine de petits poissons : qui peuvent être découpés dans une feuille de brouillon, ou symbolisés par de petits objets, comme des perles par exemple (ou ici des mini-pompons),
- Un petit contenant pour y placer les poissons,
- En option : une carte du monde, qui constituera le plateau de jeu.
Composer des équipes et construire des chalutiers
Il est temps de créer 4 ou 5 équipes ! Chacune doit construire son chalutier à partir d’une feuille de brouillon. Les enfants connaissent généralement par cœur le pliage pour réaliser un bateau (pour un peu d’aide, allez voir ce tuto de pliage de bateau) !
Chaque équipe va représenter un chalutier et un continent. Chaque continent est désigné par une couleur. Une équipe choisit donc un continent (et la couleur qui y est associée) et trouve un nom à son chalutier, et ainsi de suite.
Les noms des chalutiers peuvent être inventés. Mais pour que ce soit encore plus ludique, on peut aussi leur donner les noms des plus gros chalutiers de la planète : comme par exemple le Margiris, le Annie Hillina, le Afrika, le Scombrus et le Alida.
Le tableau de scores
Au tableau (si vous êtes en classe) ou sur une ardoise, le maître du jeu peut déjà tracer la feuille de scores. Tout en haut, on note le numéro de chaque manche (4 au total), ainsi que le nombre de poissons en début de manche. A gauche, on note le nom de chaque équipe. A droite, on prévoit une colonne pour faire le total de chaque équipe. Et en bas, on prévoit une ligne pour faire le total des poissons restants en fin de chaque manche.
Chaque équipe doit bien pouvoir voir l’ensemble du tableau.
La mise en place du jeu de la surpêche
Si vous en avez une, vous pouvez placer une carte du monde au centre de la table. Elle constituera le plateau de jeu. Mais vous pouvez aussi très bien faire sans !
Au centre de la carte du monde (ou de la table), on place notre contenant et 25 « poissons » à l’intérieur.
Chaque équipe place son chalutier sur son continent, et se positionne autour de la table, derrière son chalutier.
La règle du jeu de la surpêche
Voici la règle du jeu. Elle est toute simple.
A chaque début de manche, chaque chalutier peut prendre autant de poissons qu’il le souhaite. Chaque équipe note ce nombre sur son ardoise, et le dévoile en même temps. Le maître du jeu sert chaque bateau en poissons. A la fin de la manche, le nombre de poissons restants double. Cela correspond à la reproduction des poissons.
On recommence la même opération lors des 4 manches.
La partie peut commencer !
Après chaque manche, le maître du jeu va noter le nombre de poissons pêchés par chaque chalutier, faire le total des poissons restants et doubler leur nombre pour commencer la manche suivante.
Si, au milieu d’une manche, il n’y a pas assez de poissons pour satisfaire tous les chalutiers, c’est celui qui en a pêché le plus qui est servi en premier. Eh oui, en mer c’est la loi du plus fort ! Les chalutiers-géants mettent en péril les plus petits qui se contentent des restes…
Si à la fin d’une manche il ne reste plus de poissons, le jeu se termine. C’est ce qui nous est arrivé pour cette première partie. Et vous, comment avez-vous géré votre première partie ? N’hésitez pas à me le dire en commentaire !
Il est l’heure de tirer un premier bilan
Malheureusement, pour cette première partie, les enfants sont tombés dans le piège de la surpêche… Ce qui doit être, je pense, assez courant !
Chaque équipe a voulu pêcher le plus de poissons, ce qui a conduit à l’effondrement des espèces marines.
Mais la principale erreur a été de ne pas communiquer entre équipes ! Les membres de chaque équipe se sont parlés entre eux, mais à aucun moment les équipes n’ont essayé de se mettre d’accord. Ce n’était pourtant pas interdit !!!
Personne n’a non plus pris en compte la population de chaque continent. Car les besoins ne sont pas les mêmes pour chaque continent, n’ayant pas le même nombre d’habitants.
C’est donc à ce moment-là que le maître du jeu remet la simulation dans son contexte, et que les enfants comprennent les enjeux de la surpêche ! Le nombre de poissons dans nos océans sont limités. S’il n’en reste plus suffisamment pour qu’ils puissent se reproduire, les espèces s’éteignent. Il ne reste alors plus de poissons pour personne.
On rejoue ?
Maintenant que les enjeux de la surpêche et sa définition sont bien compris par tout le monde, il est intéressant d’enchaîner sur une deuxième partie ! Allez-vous faire les mêmes erreurs ?! Je suis prête à parier que non !
Pour commencer cette deuxième partie, nous avons inscrit sur chaque continent le nombre d’habitants (en milliards). Il est temps de prendre conscience que chacun n’a pas les mêmes besoins, et de l’accepter !
La communication est devenue l’élément-clé ! Pour chaque manche, il faut se mettre d’accord pour que chaque continent pêche en fonction de ses besoins, mais aussi qu’il reste assez de poissons à la fin de la manche. S’il en reste suffisamment à la fin de chaque manche, on commence à parler de pêche durable !
Un tout dernier piège à éviter !
Le dernier piège dans lequel ne pas tomber est de se répartir l’ensemble des poissons à la 4ème manche. Car la vie ne s’arrête pas après 4 pêches ! Il est essentiel de laisser suffisamment de poissons pour les générations à venir ! Et de leur en laisser assez pour que le renouvellement soit assuré pour encore de nombreuses manches !
La solution pour mettre en place une pêche durable
Le secret pour mettre en place une pêche durable est de se répartir la moitié des poissons disponibles. En laissant l’autre moitié dans l’océan, elle double à la fin de chaque manche et on se retrouve de nouveau avec le même nombre de poissons à chaque début de manche. Et ceci même après la manche 4 ! Ainsi, nous laissons aux générations futures la même quantité de poissons avec laquelle nous avons vécu !
Ce n’est pas tout à fait la même chose dans la vraie vie, mais on a bien compris le principe en tout cas !
Pour aller plus loin
J’espère que ce jeu plaira aux enfants et leur permettra de comprendre les enjeux de la pêche durable ainsi que la définition et les méfaits de la surpêche. Ce jeu est jouable dès la primaire, alors ne vous en privez pas ! N’hésitez pas à me partager vos scores, vos ressentis et vos conclusions en commentaire ou en m’envoyant un petit message !
Et pour aller plus loin et adapter votre propre consommation, n’hésitez pas à aller jeter un œil à mon article sur les poissons en voie de disparition. Vous y trouverez les causes de la disparition de certaines espèces marines (autres que la surpêche), les espèces menacées et celles à privilégier pour notre consommation !
Bravo pour ce nouveau jeu ! Il est très clair et permet de comprendre la surpêche et ses conséquences. Merci
Merciii !!! Oui, il est accessible dès la primaire et permet aux enfants d’expérimenter, de faire des erreurs pour comprendre par eux-mêmes !
Wouha, génial ce jeu pour faire comprendre la surpêche. Et pas seulement pour les petits, je suis sure que des adultes y apprendraient beaucoup. Merci de rendre ce sujet ludique. Bravo !
Oui !!! Tout à fait, même pour des adultes il est très pertinent également ! Merci 😉
Je trouve ça absolument génial (et important) de sensibiliser dès l’enfance aux problèmes écologiques !
Et grâce à ton petit jeu très simple, tu as même trouvé une manière ludique de le faire 🙂
Je ne connaissais pas ton site, je m’abonne directement pour ne rien louper ! 😅
Merci beaucoup Mathieu !!! Oui, quand l’écologie devient rigolote et ludique, c’est facile d’en parler avec les enfants et de leur apprendre à se construire un monde plus responsable !
C’est une très bonne idée ! Merci pour les détails et ton site qui regorge d’ idées de jeux ludiques et éthiques.
Merci beaucoup Bastienne !
Non mais c’est trop génial! Ton blog est remplit de belles idées bravo!
Merci énormément Justine !!!
C’est top ! J’adore ce genre de jeu ! Les jeux qui nous apprennent à gérer les problèmes de la vie 🙂
Super claire du début à la fin de la création jusqu’au règle, au top comme le reste de ce blog ! 🙂
Ahah merci beaucoup Nicolas !!! Un jeu pour les petits comme pour les grands d’ailleurs !
Très bon idée d’activité avec nos enfants et bravo pour la thématique générale de ton blog.
Ça me rappelle une citation de Pierre Rabhi (je crois) : la question n’est pas seulement « Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ? » mais c’est aussi « Quels enfants allons-nous laisser à notre planète ? » !
Bonne continuation
François-Xavier
Très belle citation qui illustre très bien la philosophie de mon blog 😉
Merci !!!
Très belle citation de ce philosophe en effet, qui convient tout à fait à la situation !
J’adore ta créativité, la simplicité de mise en œuvre du jeu et tes explications limpides ! et quand tout ça est lié à des enjeux aussi importants que la préservation des ressources naturelles, ce n’est que du plaisir ! Bravo
Merci beaucoup Caroline pour cet adorable message !!! Si les enfants apprennent à protéger la planète en s’amusant, et que tout cela devient naturel pour eux, alors mon objectif est rempli 😉
Merci à toi pour toutes ces belles idées 🙂
C’est une façon amusante de faire comprendre un principe plutôt compliqué à des enfants, alors bravo!
J’aime beaucoup que les enfants se retrouvent à coopérer pour jouer 🙂
Merci Mélissandre ! Oui, j’aime aussi beaucoup les faire apprendre par le jeu, encore plus quand ils doivent coopérer et réfléchir ensemble !
Bonjour Mélanie,
Je suis très intéressée par votre jeu mais j’avoue ne pas bien comprendre comment chaque équipe « pêche »?? Chacune décide en 1 fois du nombre de poissons qu’elle veut? Prennent-ils au fur et à mesure?? Qui commence à pêcher, …? Merci d’avance de vos éclairages. Nathalie.
Bonjour Nathalie,
Au début de chaque manche, toutes les équipes pêchent en même temps : chacune inscrit le nombre de poissons qu’elle souhaite pêcher sur une ardoise ou une feuille de papier et toutes les équipes révèlent leur nombre en même temps. Evidemment, elles ont le droit de communiquer entre elles.
Le maître du jeu sert chaque équipe en poissons, en commençant par celle qui en demande le plus grand nombre (en mer, c’est la loi du plus fort, le plus gros chalutier pêche en premier !). S’il n’y en a pas assez pour servir tout le monde, le jeu prend fin.
S’il reste des poissons dans l’océan, une nouvelle manche commence : le maître du jeu fait doubler la quantité de poissons restantes et chaque équipe inscrit un nouveau nombre sur son ardoise pour pêcher de nouveau.
L’objectif est de comprendre qu’il faut laisser au moins la moitié des poissons dans l’océan pour que la population se reproduise à la fin de chaque manche et que les équipes puissent se servir à chaque fois.
La clé est la communication !